samedi 23 août 2008

Nous tirons aussi sur des enfants, n'est ce pas.


Dan Almagor est Israélien, professeur de littérature. Il est bien connu dans toute la Palestine, comme auteur de pièces de théâtre, et comme invité des plateaux de télévision. Le texte que nous publions est extrait d'un poème qui fit sensation à Tel Aviv, lorsqu'il fut lu au cours d'une manifestation qui marquait le premier anniversaire de la première Intifada. Dan Almagor l'avait écrit après avoir visité la ville de Naplouse pour la première fois. Avant de l'écrire, il y retourna pour être sûr, cette fois accompagné d'un ami proche, le Ministre de la Défense de l'époque, rien moins que le général Yitzhak Rabin, avec qui il coupa les ponts ensuite.

La plupart de ces gens désirent vraiment Faire la récolte de leurs oliviers Comme ils l'ont fait pendant des centaines d'années. La plupart de ces gens désirent vraiment élever leurs enfants Non pas à jeter des pierresOu des cocktails Molotov,Mais à étudier en paix,Jouer en paix, Et brandir un drapeau.Un drapeau.Leur drapeau.Et face à ce drapeau, pleurer,Comme nous l'avons fait, cette nuit-là, alors, tout excités que nous étions.Et nous n'avons aucun, n'avons aucun, n'avons aucunDroit au mondeDe leur voler ce désir.Ce drapeau,Ces larmes,Ces larmes qui viennent toujours, toujoursAprès toutes les autres.Commençons à préparer notre défense.Nous en aurons besoin assez vite.Tous ceux qui l'ont vraiment fait.Et ceux qui le font encore.Et ceux qui se taisaient,Et ceux qui le font encore.Et ceux qui n'ont rien ditEt ceux qui gloussent, disant« Quelque chose doit être fait, vraiment;(Mais pas ce soir. J'ai un concert,Un gala,Un anniversaire!) »Oui, nous serons tous appelés à comparaître un jourAux procès des Colonels.Les procès des Colonels arrivent,Leur temps viendra, il doit en être ainsi.Les procès des Généraux, des Colonels,De la division, du bataillon,Et des sous-officiers.Impossible d'y échapper.C'est ainsi que l'histoire travaille.Que dirons-nous alors?Que diront les colonels, les capitaines, les caporaux?Que diront-ilsDe ces terribles tabassages,La Brutalité,Des maisons détruites,Et plus que tout, l'humiliation.Cette humiliation.Des malades obligés de nettoyer les écrits sur les murs.Des vieillards obligés de descendre un drapeauD'un pylône électriqueQui ont été électrocutés, ou sont tombésEt se sont cassé les jambes.De ce vieux porteur d'eauہ qui des soldats ordonnèrent de descendre de son âneEt s'amusèrent de lui, pour le plaisir.Nous prêtons une oreille sourde.Nous prêtons un cœur sourd.Méchants, arrogants, muets.Qui croyons-nous être?Qui nous a donné le droitD'être aussi sourds, aussi muets?Ignorant l'évidence : Ils sont aussi humainsQue nous, aussi humains que nous.Au moins aussi humains que nous avions l'habitude de l'être.Il y a seulement quarante-et-un ans.Pas moins zélés, pas moins intelligentsAussi sensibles, aussi remplis d'espoir.Ils aiment leurs femmes et leurs enfantsComme nous les aimons, pas moins.Et nos enfants maintenant tirent sur les leursAvec des balles en plomb, en caoutchouc, et des gaz.L'ةtat palestinien sera.Il sera.Ce n'est pas un poète qui l'a écrit.C'est l'Histoire qui l'écrira.Et des saisons arriveront, et des saisons s'en iront,Et la vie continue comme tous, très bien, nous le savons.Mariages, et naissances, et morts, toujours pareil -Mais seulement la honte de cela. La honte.Dan AlmagorWe Shoot Children Too, Don't WeTexte anglais : http://www.umassd.edu/specialprogra...fairs/shoot.htm04 août 2002 © Solidarité-Palestine - E-mail: webmaster@solidarite-palestine.org

Aucun commentaire: