vendredi 13 août 2010

Ramadhan et santé

Chers lecteurs, mercredi passé, la période du ramadhan a débuté pour des centaines de millions de Musulmans à travers le monde. Un jeûne qui va se dérouler pendant près d'un mois et qui est l'vènement majeur pour l'ensemble de la communauté musulane de toute la planète. Pour cet évènement majeur auquel je participe, mon organisme avait pris ses marques et le jour j , il était à l'heure et sans aucun dommage il s'est adapté. Beaucoup de ceux qui ne pratiquent pas se posent tout de même des questions sur les conséquences d'un si long jeûne. L'article qui va suivre et qui m'a été proposé par une amie de Facebook Wassyla Doumandji vous permettra de vous faire une idée.

Selon le Dr Delabos, nutritionniste, inventeur de la chrono-nutrition et directeur d'étude cliniques à l'Iren (Institut de recherche européen sur la nutrition),"l'organisme peut très bien supporter un jeûne de 16 heures par jour sur un mois".


Question : de manière générale, quelles sont les conséquences d'un jeûne sur l'organisme?Un jeûne comme celui qui est fait lors du mois de Ramadan peut n'occasionner aucun dégât sur la santé, à condition de savoir se nourrir correctement. En effet, ce jeûne est temporaire et ne se fait que sur une journée.



Question : comment bien se nourrir pendant ce mois pour bien le vivre?Il suffit d'appliquer les principes de la chrono-nutrition : le bon aliment, en bonne quantité et au bon moment. Pendant la période du Ramadan, il faut continuer à prendre ses trois repas, avec quelques petites spécificités liées au jeûne.

» Ainsi, le 1er repas est celui de la rupture de jeûne. Là, les principes du Coran s'accordent volontiers avec ceux de la chrono-nutrition : il faut manger sucré pour sustenter l'organisme et le nourrir rapidement pour récupérer de la journée. Des dattes, des gras végétaux (du type amandes, noix, etc.) et des boissons chaudes (thé, café, infusions, etc.) sont conseillées. Ce repas ne doit pas être surchargé, il doit juste apaiser les sensations de soif et de faim.

» Le 2ème repas, pris généralement 2 ou 3 heures après la rupture de jeûne, doit être léger en qualité, mais peut être plus lourd sur la quantité. Traduction : il faut à tout prix éviter les repas lourds et trop copieux (couscous, steak frites, etc.) et ce, pour deux bonnes raisons.La première, c'est qu'il ne sert à rien de manger beaucoup avant de dormir puisque tout ce qui est mangé sera stocké et pas assimilé. L'assimilation des aliments est optimale avant l'effort, pas avant le repos. La deuxième, c'est que si le repas est trop lourd, la sensation de faim ne se fera pas sentir au matin et pourrait faire sauter le petit déjeuner précédent le jeûne journalier. Ce dîner devra donc débuter par un bouillon ou un velouté de légumes, et être suivi par plat de poisson ou de fruits de mer ou d'une viande blanche et d'un légume vert.

» Le 3ème repas précède le jeûne, et c'est pour cela qu'il ne fait pas le négliger et qu'il doit être très solide. C'est lui qui va fournir à l'organisme toute l'énergie nécessaire pour tenir toute la journée. C'est là que les réserves en eau vont pouvoir être constituées pour éviter la déshydratation. Typiquement, il se compose d'un potage (pour s'hydrater), de fromages, de viande et de féculents.

Question : et si une personne a des traitements médicamenteux qu'elle doit faire en journée, comment peut-elle s'adapter ?Là, je ne peux pas vraiment me permettre de donner mon avis car c'est avant tout une question d'interprétation des textes coraniques. Néanmoins, de nombreux confrères musulmans affirment qu'il est tout à fait possible de prendre des médicaments durant le jeûne, à condition de se contenter de la quantité minimale d'eau pour les absorber. Ceci est laissé à l'appréciation du jeûneur.

Question : pour les personnes diabétiques ou souffrant de troubles métaboliques, comment faire ?Tout dépend du type de pathologies. On distingue en effet les pathologies organiques des pathologies fonctionnelles.Dans le premier cas, c'est le dysfonctionnement d'un ou plusieurs organes qui va être à l'origine de la pathologie. C'est le cas du diabète insulinodépendant par exemple. Les personnes avec ce type de maladies vont devoir être particulièrement prudentes pour leur jeûne, et doivent se faire conseiller par un médecin pour éviter de mettre leur vie en danger. Même si je ne le connais pas très bien, j'ai quand même pu lire dans le Coran qu'il est bien spécifié qu'il ne faut pas mettre sa vie en danger.Dans le cas de pathologies fonctionnelles, c'est une carence ou au contraire une surcharge qui va générer des complications. Ainsi, on retrouve dans cette catégorie l'hypercholestérolémie, ou bien encore le diabète fonctionnel. Les personnes atteintes de ce type de pathologies ont, elles, tout à gagner à faire le jeûne du mois de Ramadan.

Question : quelles sont les contre-indications majeures ?Les femmes enceintes, les personnes atteintes de troubles métaboliques, les personnes atteintes d'insuffisance rénale (qui doivent consommer 3 litres d'eau répartis dans la journée) ou encore de la maladie d'Addison doivent être suivies par un médecin et envisager d'arrêter quand leur état de santé le justifie. D'ailleurs, le Coran prévoit que les personnes inaptes à suivre le jeûne toute la durée du mois de Ramadan (exemple : période de menstruation pour les femmes) peuvent rattraper les jours qui leur manquent durant l'année.Le problème, c'est que certaines femmes enceintes ne conçoivent pas de ne pas le faire, même si cela peut mettre en danger leur santé ou celle de leur fœtus. Si par exemple lors de grossesses précédentes, il y a des problèmes de tension ou de sous-nutrition, il faudra être particulièrement attentif au jeûne. En fait, tout dépend des facteurs de risque.

"Un jeûne bien fait donne une acuité cérébrale bien plus aiguë.."

Question :la fatigue associée au jeûne peut-elle être à l'origine d'accidents de travail ?Oui, bien évidemment, si l'on ne se nourrit pas correctement, le jeûne peut être à l'origine de malaises et de pertes d'attention potentiellement dangereuses. Encore une fois, ce genre de risque est pratiquement nul si l'on se nourrit correctement. L'une des principales erreurs est de se gaver de sucreries toute la nuit, soit disant pour tenir le coup. Le sucre est une solution à court terme, pour se délasser de la fatigue intellectuelle. Ensuite, il faut donner à son corps tout ce dont il a besoin pour affronter le jeûne, et notamment suffisamment d'eau pour que les reins puissent fonctionner normalement.

Question : le jeûne a-t-il des répercussions négatives sur les capacités cognitives ?Un jeûne bien fait n'entraîne pas de diminution des capacités cognitives, bien au contraire, il donne une acuité cérébrale bien plus aiguë. Pourquoi ? Et bien comme tous les autres organes, gros consommateurs de sucre en temps normal, sont au repos, le précieux carburant est essentiellement utilisé par le cerveau. Le corps étant "en roue libre", on laisse plus facilement circuler l'esprit. L'un des principes du jeûne du Ramadan est de pouvoir libérer l'esprit sans martyriser le corps.

Question : quels sont les problèmes de santé généralement observés après le Ramadan ?Un chiffre pour illustrer les conséquences d'une mauvaise alimentation durant cette période : l'année dernière, en Algérie, entre 1 million et 1 million 300 000 nouveaux diabètes ou diabètes décompensés (augmentation importante du taux de glucose sanguin chez les personnes diabétiques) ont été observés. Rendez-vous compte à quel point cela est énorme ! Alors qu'en respectant les principes de la chrono-nutrition, il est possible de faire tranquillement le jeûne sans avoir d'effets collatéraux. Encore que, j'ai souvent observé chez mes patients qu'un jeûne qui respecte les principes de la chrono-nutrition avait tendance à faire grossir les maigres et maigrir les gros. Ainsi, tout le monde est content. Par contre, je tiens à préciser que jamais je ne conseillerai de faire un régime amincissant durant cette période.Toutes les personnes qui ont suivi mes conseils et appliqué les principes de la chrono nutrition durant leur jeûne disent voir très vite la différence mais surtout, que le jeûne devient bien plus facile.



Question : parfois, le jeûne du Ramadan peut tomber en été, période très chaude et où les journées sont longues, que conseillez-vous dans ces cas-là pour tenir le coup ?Ce n'est pas tant la saison ou la période qui peut être éprouvante, mais la durée des journées. Sous des latitudes septentrionales comme en Suède par exemple, le jeûne peut devenir très difficile, voire infaisable du fait de la longueur des journées.En effet, l'organisme peut très bien supporter un jeûne de 16 heures par jour sur un mois. Mais au-delà, c'est-à-dire jeûner 18h ou 20h, cela devient à la limite du dangereux pour la santé. On imagine la difficulté des musulmans habitant dans ces contrées à gérer un jeûne avec des nuits de 3 heures...L'idée avancée par certains, que je trouve médicalement judicieuse, pour pallier les inégalités et les difficultés représentées par les latitudes horaires, serait de caler la durée du jeûne sur les journées de La Mecque. La situation géographique de la ville Sainte des musulmans fait que les journées ne varient que très peu en fonction des saisons. Mais même en été, à condition de bien se reposer et de s'abriter du soleil, les conditions ne sont pas plus difficiles que dans la période actuelle.

Question : le mois de jeûne terminé, comment faire pour réadapter son organisme à un rythme alimentaire normal ?Rien de spécial, sinon continuer à se nourrir correctement en fonction de ses besoins et de son activité. Je l'ai dit, mais le répète, la chrono nutrition, c'est de prendre le bon aliment, en bonne quantité, au bon moment. A partir de là, jeûne ou pas, le corps y trouve son compte.On peut toute l'année gérer les troubles métaboliques en mangeant normalement.


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