dimanche 14 décembre 2014

Combattants pour la France et morts par la France

Quelques vérités sur le 7e Régiment des Tirailleurs Algériens (7e RTA)
Qui parlera enfin de ces tirailleurs musulmans portant l’uniforme de l’armée française et massacrés par les tenants de l’Algérie française.
Là où la réalité dépasse la fiction.
Tout commence un jour du début de l’année 1957 où le capitaine commandant le détachement du 2e bataillon du 7e Régiment des tirailleurs algériens stationné à Maafa rencontre chez le coiffeur à Batna un sergent musulman qui servait sous ses ordres durant la campagne d’Indochine.
Le capitaine propose donc à son sous-officier de venir le rejoindre et de se rengager en pleine guerre d’indépendance. Dans un premier temps, celui-ci refuse puis après quelques jours s’en va frapper à la porte du cantonnement du poste de Maafa. Il demande à rejoindre la compagnie du capitaine, sans doute sur ordre du FLN.
Après plusieurs semaines, le sergent déserte en compagnie d’une dizaine de tirailleurs musulmans en juin 1957 avec armes et bagages.
Au cours d’opérations successives de l’Armée française dans cette région des Aurès, ces tirailleurs musulmans déserteurs sont repris un à un par l’armée coloniale. Au mois de mai 1958, le dernier d’entre eux parle sous la torture et déclare que la 6e compagnie du 7e Régiment de tirailleurs stationné à Mdoukel près de Barika, dont le chef de bataillon est le commandant Adam doit déserter. Les éléments musulmans devaient déserter en bloc emportant avec eux le lieutenant commandant la compagnie comme otage.
Quelques jours après, en mai 1958, la 6e compagnie reçoit l’ordre de partir en opérations jusqu’au Djebel Refaa situé près d’El Kantara. Arrivés sur place, la compagnie reçoit l’ordre de déposer les armes en formant des faisceaux en séparant les tirailleurs Musulmans des Européens. A ce moment là surgit un détachement de parachutistes qui cernaient le lieu où se trouvait la 6e compagnie, tous les tirailleurs musulmans ont été exécutés sur place.
Ce après quoi le 2e bureau de l’Armée française prend conscience de l’ampleur du mouvement qui portait les tirailleurs musulmans à déserter et ouvre un camp d’internement et d’action psychologique suivant les méthodes du Viet Minh à El Outaya entre El Kantara et Biskra où se trouvait le 3e bataillon du 7e RTA.
C’est ainsi que démarre sous l’égide de l’Armée française une campagne de lavage de cerveaux auprès des tirailleurs musulmans venant de plusieurs régiments d’Algérie enfermés dans ce camp. Des « corvées de bois » régulières éliminent ceux dont le profil et le comportement ne convenaient pas aux spécialistes du 2e bureau chargé de ce camp d’internement qui resta ouvert durant plusieurs mois.
Les prisonniers qui leur semblaient « récupérables » ont ensuite été incorporés à des commandos de chasse, tous les autres, la plus grande majorité, ont été torturés et massacrés par l’Armée française dont ils portaient l’uniforme.
Combien de centaines de tirailleurs musulmans, appelés et engagés, portant l’uniforme militaire, ont-ils été ainsi massacrés, sans autre forme de procès, par l’Armée française dont ils faisaient partie ? Ils étaient sortis des effectifs de l’Armée coloniale au prétexte de ne pas avoir rejoint leur cantonnement ; bien sûr, leurs familles n’eurent plus jamais de leurs nouvelles.
Cet épisode tragique de la guerre d’Indépendance n’a jamais été révélé. Il suffit pourtant d’aller enquêter à El Outaya pour savoir ce qui s’est réellement passé durant les derniers mois de cette année 1958 où De Gaulle est parvenu au pouvoir.
Ainsi, s’achève l’un des drames parmi les plus atroces de la guerre d’Algérie où les fils des tirailleurs du 7e RTA dont les anciens, par dizaines de milliers, ont versé leur sang pour la France durant la 1ere et la 2eme Guerre mondiale. Ce qui a valu au 7e Régiment de Tirailleurs Algériens d’être décoré de la légion d’honneur et de porter la fourragère rouge.
En 1962, le 7e RTA est regroupé à Barika où il a été dissous sans autre forme de procès. Tous les tirailleurs musulmans ont été renvoyés dans leurs foyers avec l’accueil que l’on peut imaginer. Le reste du régiment a été rapatrié à Epinal dans les Vosges. Qui parlera un jour de tous ces jeunes tirailleurs musulmans disparus ou massacrés sommairement sans aucune forme de jugement ?

Sergent-Chef Adidène de la 8ème Compagnie

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