dimanche 1 mai 2011

Scandale dans le football français

Réunion de la DTN le 8 novembre 2010
Mediapart a décroché le gros lot  avec cette nouvelle qui a fait l'effet d'une bombe. Après le rejet en bloc des allégations et la preuve que Mediapart été prête à livrer au public, Laurent Blanc et certains de ceux qui avaient participé à cette fameuse réunion du 8 novemebre se sont faits tout petit.

Précédement j'avais abordé le sujet dans 2 articles: article1article2. Aujourd'hui, je rentre dans led étail des reproches faits à ceux qui ont tenu cette fameuse réunion du 8 novemebre et qui ont certainement été dénnoncés par un  memebre présent du groupe. Et nous voilà à nouveau avec ces histoires de traitres. La fédération française n'en finit pas d'être éclaboussée.

La FFF a encore fait fort. S'il s'agissait de faire parler d'elle, c'est réussi. Malheureusement comme souvent ces dernières années ce n'est pas pour montré un très beau visage de la France du football. Avec cette affaire des quotas, les dirigeants du football français prouvent, au-delà de leur incompétence, l'énorme bêtise humaine qui les habitent. En suivant la mouvance populiste, ils se décridibilisent un peu plus. Pour 39 % d'entre vous, cette histoire est scandaleuse et la FFF devra payer de ses actes. 38 % des sondés eux préfèrent l'indifférence face au ridicule de la situation et 23% considèrent que c'est faux et que Mediapart ment sauf qu'après le mensonge de Laurent Blanc, lui et d'autres ont fini par avouer devant la véracité des preuves. Malgré, ça une certaine presse sportive 'roland curbis daniel riolo'  a lancé des attaques contre Mediapart et son directeur Edwil Plenel, l' accusant presque de faire du buzz et qu'il était scandaleux de s'en prendre à Laurent Blanc et de l'accuser de racisme.  En soutenant l'idée de discriminer les enfants de couleurs en prétexant de leur double nationalité, Laurent Blanc aggrave son cas . C'est complètement absurde et grave pour la simple raison que ces enfnats choisissent dans leur écrasante majorité de rester en France et que même si ce n'était pas le cas, de quoi je me mêle; Cet enfant mineur n'a pas le pouvoir de choisir qui il doit être, il ne pense qu'à jouer et là on veut simplement lui casser son rêve. Dans ce cas que dire des milliers de diplômes qui ont été formés dnas les Pays Africains et qui viennent travailler en France. La France a t-elle des scrupules dans ce cas. Dans l'émission "Salut les Terriens", Pierre Arditi n'avait pas fait rire en indiquant qu'il n'y avait pas que le foot dans la vie, tout en rappelant qu'il était de gauche. Moi je l'ai trouvé bien gaûche pour ce coup. Il ne comprenait pas que le problème, ce n'était pas le foot mais la discrimination dont étaient victimes les sportifs de couleur et Samedi tout le monde commentait la suspension provisoire de la victime de cette affaire , le directeur national technique François Blaquart. Et oui, il s'agit d'une "victime".J'ose espérer que les autres activités sportives ne soient pas touchées de la même manière.
Nous allons présenter le fameux dossier qu'a dévoilé MEDIAPART et qui nous amené à ce footballgate bien de chez nous.


journalistes ayant contribué à cet article: Fabrice Arfi,Mathilde Mathieu , Michaël Hajdenberg
Partie I  Quotas dans le foot: la vérité au mot près

Alors que la ministre des sports, Chantal Jouanno, et le président de la Fédération française de football (FFF), Fernand Duchaussoy, ont annoncé, vendredi 29 avril, l'ouverture de plusieurs enquêtes suite aux révélations de Mediapart sur l'affaire des quotas discriminatoires, Laurent Blanc a choisi de se murer dans un démenti catégorique.

«Ce que je dis là, c'est la vérité. Je n'ai jamais entendu parler de quotas !», a déclaré le sélectionneur de l'équipe de France lors d'une conférence de presse convoquée à la hâte, dans un grand hôtel de Bordeaux, vendredi à la mi-journée.

L. Blanc© Reuters«Pour moi, il n'y a pas de projet de quotas, c'est faux. Et c'est un mensonge de dire que le sélectionneur y a participé», a expliqué le patron des Bleus.

Comme lui, le directeur technique national au sein de la FFF, François Blaquart, a enchaîné les dénégations: «Je démens les accusations de Mediapart. Aucune consigne n'a été donnée aux centres de formations ni aux pôles espoirs», a-t-il affirmé.

Face à la cascade de démentis qui a rythmé la journée d'hier, Mediapart maintient l'intégralité de ses informations et l'exactitude des propos rapportés dans notre enquête publiée le 28 avril. Laurent Blanc, François Blaquart et d'autres responsables ont bel et bien envisagé depuis plusieurs mois la mise en place de politiques discriminatoires dans le football.

Un moment important est une réunion officielle de la DTN, qui s'est tenue à Paris, le 8 novembre 2010. La rencontre, à laquelle ont participé une vingtaine de cadres, responsables de la DTN et entraîneurs nationaux, a eu lieu quelque jours après les Etats généraux du football. Lors de cette réunion décisive, les débats ont été dirigés par François Blaquart, DTN par intérim après la démission de Gérard Houiller suite au fiasco du mondial de juillet dernier – il sera confirmé à son poste en février.

L'objectif de la réunion, que viendra clore le président de la FFF, Fernand Duchaussoy, mais qui ne participera pas aux débats incriminés, est ambitieux : il s'agit de dessiner les grandes lignes du projet de la future politique sportive du foot français. Comme le dira François Blaquart dès l'entame de la discussion: «Ce qui nous manque, c'est une vraie politique sportive de la fédération.»

Après une quarantaine de minutes, la discussion s'engage sur les joueurs français d'origine étrangère. Et dérive sur les «blacks». Sur les «beurs». Sur les «blancs».

Ce 8 novembre 2010, les débats auxquels vont se livrer les plus hautes figures du foot français ont pour base les conclusions d'un audit externe consacré à l'INF, le centre de formation de Clairefontaine (Yvelines) où des joueurs comme Thierry Henry, Nicolas Anelka ou Willam Gallas ont été élèves. Commandé en 2010 par la DTN, l'audit souligne que depuis dix ans, beaucoup trop de jeunes joueurs binationaux ou pouvant prétendre à une double nationalité, qui ont été formés à Clairefontaine, sont allés jouer sous les couleurs d'une équipe étrangère.

« Donc il faut 30 % ? » François Blaquart pose ainsi les bases du débat: «L'INF, c'est une belle histoire qui n'a pas eu l'évolution souhaitée en termes d'approche des populations. Parce qu'on a des populations complètement différentes.» Très vite, la discussion s'élargit à l'ensemble de la politique de formation et de recrutement des joueurs dès l'âge de 12 ans. Mediapart est aujourd'hui en mesure de lever le voile sur le détail des débats qui ont agité ce jour-là le huis clos de la DTN, faisant des démentis d'aujourd'hui les mensonges de demain. En voici ci-dessous un compte-rendu détaillé.


Réunion du 8 novembre 2010, le verbatim.

Erick Mombaerts, sélectionneur de l'équipe de France Espoirs: François (Blaquard, NDLR), ça mérite quand même qu'on débatte, ne serait-ce que trois minutes. Tu as évoqué les statistiques sur les derniers résultats de l'Institut national du football (à Clairefontaine, NDLR): 4 internationaux A français (sélectionnés en équipe de France, NDLR), 26 internationaux étrangers. 20 ou 26....

Laurent Blanc, sélectionneur de l'équipe de France. Ça, ça me choque.

Erick Mombaerts: Ça nous choque.

Laurent Blanc: Plus qu'autre chose.

Erick Mombaerts: Est-ce qu'on s'attelle au problème et on limite l'entrée du nombre de gamins qui peuvent changer de nationalité? Oui? Non? Donc, auquel cas, on est obligé de le faire sous le coude. C'est-à-dire on est obligé de le faire... Mais est-ce qu'il faut le faire. Je pense que tout le monde doit être concerné, là.

Laurent, qu'est-ce que t'en penses ?

MM. Blanc et Duchaussoy© FFFLaurent Blanc: Moi j'y suis tout à fait favorable. Sincèrement, ça me dérange beaucoup. Ce qui se passe dans le football actuellement, ça me dérange beaucoup.

A mon avis, il faut essayer de l'éradiquer. Et ça n'a aucune connotation raciste ou quoi que ce soit. Quand les gens portent les maillots de l'équipe nationale des 16 ans, 17 ans, 18 ans, 19 ans, 20 ans, Espoirs, et qu'après ils vont aller jouer dans des équipes nord-africaines ou africaines, ça me dérange énormément. Ça, il faut quand même le limiter. Je dis pas qu'on va l'éradiquer mais le limiter dans ces pôles-là...

Erick Mombaerts: Donc il faut 30% ? Un tiers de gamins qui peuvent changer (de nationalité, NDLR)?

François Blaquart, le directeur technique national: Même pas.

Erick Mombaerts: Même pas ?

François Blaquart: Même pas

«On peut baliser, en non-dit, sur une espèce de quota» Le directeur technique national se dit non seulement favorable à l'instauration d'un quota, mais lâche qu'il a d'ores et déjà passé la consigne à «Gérard». Comprendre: Gérard Prêcheur, l'actuel directeur de l'Institut national du football, le principal pôle de formation de jeunes joueurs de la fédération, à Clairefontaine.


François Blaquart: Faut faire un projet. Moi, j'ai dit à Gérard qu'on allait se voir pour le concours et qu'on limite. Qu'on soit beaucoup plus pertinent dans l'approche, y compris l'évaluation sur l'état d'esprit et ainsi de suite. Je dirais qu'on a des moyens pour le faire. Avec des 12 ans, on s'est aperçu que c'était plus difficile qu'avec des 15... Surtout, qu'on se donne quelques garanties! L'idéal effectivement, c'est de dire, mais pas officiellement: de toute façon on ne prend pas plus de tant de gamins qui sont susceptibles de changer (de nationalité, NDLR) à terme.

Réunion DTN, 8 novembre 2010© FFFLaurent Blanc: Ou alors tu les fais passer par des critères différents de sélection. Il n'y a qu'à voir les centres de formation. Même le pôle Paris. Tu vois toujours les mêmes gens parce qu'ils répondent toujours aux mêmes critères de sélection.

François Blaquart: On peut baliser, en non-dit, sur une espèce de quota. Mais il ne faut pas que ce soit dit. Ça reste vraiment que de l'action propre. Bon voilà, on fait attention. On a les listes, à un moment donné...

Erick Mombaerts: Il faut qu'on s'attaque au problème, quand même !

Laurent Blanc: Moi c'est pas les gens de couleur qui me posent un problème. C'est pas les gens de couleur, c'est pas les gens nord-africains. Moi j'ai aucun problème avec eux. Mais le problème, c'est que ces gens-là doivent se déterminer et essayer qu'on les aide à se déterminer. S'il n'y a que des – et je parle crûment – que des blacks dans les pôles (de jeunes, NDLR) et que ces blacks-là se sentent français et veulent jouer en équipe de France, cela me va très bien.

Erick Mombaerts: Mais ça, on ne peut pas savoir à 13 ans, quand ils rentrent dans nos structures. On ne peut pas savoir. Ils vont te dire qu'ils se sentent français.

Laurent Blanc: Tu peux les aider à s'identifier...

François Blaquart: Il faut identifier. Parce que bon, c'est pas la couleur qui fait... Il y a des gens qui sont, de toutes façons et fondamentalement, de souche française.

Laurent Blanc: Mais bien sûr. Aussi français que toi et moi.

François Blaquart: Et puis la deuxième chose, je rejoins ce que dit Laurent: sur l'état d'esprit, il faut effectivement gratter un peu...

Erick Mombaerts: Oui, enfin ça va pas être simple. Je crois qu'il vaut mieux s'auto-limiter. Il y a bien des clubs comme Lyon (l'Olympique lyonnais, NDLR) qui le font dans leur centre de formation. Ils le font systématiquement. J'étais à Marseille là. Et Henri Stambouli (le patron du centre de formation de l'OM, NDLR) le met en place sur Marseille. Pareil, ils vont limiter le nombre. Voilà. Les clubs, ça y est, ils sont en train de réfléchir. Et ils vont le mettre en place aussi. Ils le supportent plus.

« C'est discriminatoire » S'ensuit un vif échange entre Laurent Blanc et Francis Smerecki, sélectionneur des moins de 20 ans, d'origine polonaise, qui dénonce une politique discriminatoire.


Francis Smerecki: J'entends bien, mais si on enlève tous ces gens-là?! Si le mec a envie d'être international, c'est quand même normal qu'il aille vers un pays où il va pouvoir jouer. Je pense que c'est humain quand même. T'as été joueur de très haut niveau, Laurent. Si tu n'avais pas pu jouer en équipe de France...

© ReutersLaurent Blanc: J'aurais pas demandé à jouer ailleurs. C'est aussi simple que ça.

Francis Smerecki: Non mais y en a. Et on peut reconnaître que c'est humain de vouloir jouer.

Laurent Blanc: Je le reconnais. Mais il ne faut pas que ce soit tous les joueurs qui puissent faire ça. Parce que tous les blacks, si tu enlèves les Antillais, ils ont des origines africaines. Donc, africaines, ils vont pouvoir aller dans une équipe africaine.

Francis Smerecki: Les Polonais, quand on est arrivé, on était blanc, et puis la France a eu cette influence polonaise. Et puis ça nous a quand même servis.

Aujourd'hui, les règlements ont évolué. Les blacks aujourd'hui, parce que ça a été l'Afrique, et on est fautifs quand même parce qu'on a été les chercher quelque part par wagons entiers. Et aujourd'hui, on voudrait s'en séparer?

Laurent Blanc: J'ai pas dit s'en séparer.

Francis Smerecki: Ben si, quelque part, puisque certains avancent le nombre de 30%. C'est qu'on veut s'en séparer, d'une manière ou d'une autre. Il faut être concret. Le deuxième point, c'est que si tous ces gens-là, blacks ou beurs, ou autres, on les enlève, est-ce qu'il va nous rester une division?

Erick Mombaerts: On ne veut pas les enlever! Les clubs pros, ils peuvent les prendre. Ils se répartissent! Là on parle des structures fédérales.

Nous on travaille pour le football français, on ne travaille pas pour les sélections étrangères.

Francis Smerecki: Et en même temps que tu travailles pour le football français, tu travailles pour l'équipe de France et aussi pour les clubs. Le football français, c'est pas que l'équipe de France ! Mais aujourd'hui, ceux-là, si on les enlève... je sais pas si on a une division.

Laurent Blanc: Tu retournes l'argument !

Erick Mombaerts: Mais on veut pas les enlever. Ils vont dans les sections sportives élites (en milieu scolaire, NDLR).

Francis Smerecki: Je ne retourne pas l'argument. Je dis: première chose, c'est discriminatoire. Et si on enlève la totalité des gens qui peuvent choisir, pour une autre sélection (étrangère, NDLR) éventuellement, je ne sais pas si on a une division. Parce que quelque part, même s'ils vont jouer dans un autre pays, il y a des clubs de Ligue 2 qui vivent avec ces joueurs-là.

Cette partie de la conversation s'achève quand un des participants, gêné, rappelle qu'il y a «300 joueurs français» formés dans l'Hexagone qui jouent dans des clubs étrangers. Puis Laurent Blanc revient, insistant, sur les critères de selection des jeunes.

« Le jeu, c'est l'intelligence. Donc c'est d'autres types de joueurs » Laurent Blanc: Là, on parle d'enfants de 12 ans, 13 ans ou 14 ans.


Francis Smerecki: Tu peux pas dire à des gens de troisième génération, qui sont nés sur notre sol... Un gamin qui va jouer, je sais pas, pour la Libye ou pour la Guinée, s'il a le choix, si tu le prends (en équipe de France, NDLR), il va aller avec toi, Laurent. Il ne va pas aller là-bas.

E. MombaertsErick Mombaerts: S'il te plaît. Moi je vais prendre le problème à l'envers. Quand on parle des structures, c'est aussi la place qu'ils prennent. Moi ce qui m'intéresse c'est que le jeune qui va jouer pour l'équipe de France puisse être en équipe de France de jeunes.

Francis Smerecki: Ecoute, moi, ce qui me gêne sur le fond, c'est (qu'il y a) celui qui a la possibilité d'être français-français et d'aller avec Laurent, et celui, parce qu'il n'a pas assez d'aptitudes et de talent pour aller avec Laurent et qui va aller dans un autre pays, et c'est celui-là que vous voudriez éliminer. C'est impossible.

François Blaquart: C'est pas forcément l'éliminer.

Francis Smerecki: Le limiter ? Ça veut dire que vous allez garder lesquels? Les blancs ? Les moins bons ?

Erick Mombaerts: Ça ne te choque pas que l'INF (Institut de Clairefontaine) ait sorti quatre internationaux français et 26 internationaux étrangers? Est-ce qu'on peut pas basculer un petit peu. Basculer.

Francis Smerecki: Attends, vous allez pas prendre “Dédé” pour plus con qu'il l'est. Les bons jeunes blancs, s'il avait eu un jeune talentueux blancs, il aurait pris, non ?

Un participant rétorque qu'il n'est «pas sûr que les blancs aient leur chance».

Près d'une heure plus tard, le sélectionneur des Bleus reprend la parole pour relancer le débat sur ces thèmes.

Laurent Blanc: On veut pas éliminer les étrangers, pas du tout, mais faire en sorte que les pôles Espoirs ou les pôles de la DTN testent sur des critères mieux définis pour pouvoir attirer d'autres personnes, parce que si on a toujours les mêmes critères, y aura toujours les mêmes personnes.

Et plus ça va, plus ça va être encore davantage. Parce que je suis sur les terrains tous les samedis, je vois quelques centres de formation: on a l'impression qu'on forme vraiment le même prototype de joueurs: grands, costauds, puissants. Grands, costauds, puissants. Grands, costauds, puissants. Grands, costauds, puissants. Qu'est-ce qu'il y a actuellement comme grands, costauds, puissants? Les blacks. Et c'est comme ça. C'est un fait actuel. Dieu sait que dans les centres de formation, dans les écoles de football, ben y en a beaucoup.

Je crois qu'il faut recentrer, surtout pour des garçons de 13-14 ans, 12-13 ans, avoir d'autres critères, modifiés avec notre propre culture.

Je vais vous citer les Espagnols: ils n'ont pas ces problèmes-là. Ils ont des critères de jeu qui sont très précis, à 12-13 ans.

Erick Mombaerts: C'est ça le projet.

Laurent Blanc: Avec notre culture, notre histoire, etc. Les Espagnols, ils m'ont dit: «Nous, on n'a pas de problème. Nous, des blacks, on n'en a pas.»

Erick Mombaerts: Mais Laurent, le phénomène que tu évoques, c'est tellement ancré chez nous que les petits gabarits blancs qui sont dans les pôles Espoirs, les clubs pro me les laissent sur les bras. Ils ne les prennent pas, n'importe comment, même si c'est des bons joueurs!

Laurent Blanc: Les clubs ils auront toujours leurs critères de sélection. Ça tu pourras pas... Même si en formant des éducateurs, tu vas pouvoir peut-être à la longue changer un petit peu les choses, ou influencer un peu. Mais c'est surtout dans les pôles qu'il faut avoir ces critères-là.

Un participant sort de ses gonds et rappelle qu'un bon joueur est efficace quelle que soit sa couleur de peau, rouge ou blanche, sa taille, grande ou petite.

Laurent Blanc: Oui, mais en ce moment tu n'as pas le choix puisque tu as toujours le même stéréotype de joueurs, tu exagères. Je vois les centres de formation, je les vois de Bordeaux, des cités, et tu as toujours le même stéréotype de joueurs, je suis désolé! Tu vas aller au centre de formation de Bordeaux, tu vas prendre les joueurs, mais des petits bons joueurs, tu n'en auras pas. Donc il faut inciter.

Erick Mombaerts: Est-ce qu'on peut essayer de proposer avant la fin de l'année un projet, quelque chose de différent, bon pas fondamentalement différent, mais qui va être force de projet. Dire: voilà on va s'attaquer à ça. Bon, on a compris aussi qu'on a besoin d'ouverture, de proposer quelque chose et qu'on peut s'attaquer à quelques croyances bien établies, notamment le jeu, hein, le jeu, au détriment peut-être de l'individu. Mais le jeu, forcément, ça va être d'intégrer d'autres types de joueurs. Parce que le jeu, c'est l'intelligence, donc c'est d'autres types de joueurs. Donc tout est lié, tout est lié !





Suite à cette publication, des coups de fils ont été échangés voici le détail

Voici l'essentiel des réponses livrées par François Blaquart à Mediapart, le 27 avril, lors d'un entretien téléphonique.







Sur la discussion rapportée par Mediapart :






– « Dans toutes les discussions, il y a des positions qui peuvent être considérées comme excessives, c'est l'objet de tout débat. Mais en aucun cas, il n'est sorti de décision. Chacun a sa sensibilité, a évoqué ses problèmes. Le sélectionneur a évoqué ses problèmes de «culture». Après, on a effectivement considéré que trop de joueurs nous quittaient à la sortie des sélections de jeunes. Certains ont dit: «On ne peut pas baliser complètement»; d'autres ont dit: «Ben faut travailler sur l'envie, sur le profil du joueur». Mais les mots que vous évoquez, sincèrement... »






– « Dans les réunions à huis clos, on peut dire beaucoup de choses, chez vous comme chez moi. Si c'est à huis clos, ça ne devrait pas sortir. Je ne vois pas comment ça peut sortir dans la presse. Normalement il y a des choses officielles et des choses qui ne le sont pas. »






– « Maintenant, si vous me prouvez que ça a été écrit, que vous l'avez, que vous l'avez récupéré ou que qqn peut témoigner en ce sens là, moi je veux bien l'entendre. Mais en aucun cas de manière institutionnelle, de manière officielle, de manière écrite, de manière rapportée, ça n'a été évoqué. Voilà. Maintenant, quand on parle avec les gens, j'en sais rien, on peut prendre des pourcentages, on peut parler d'autre chose... Le mot quota, il peut notamment être évoqué sur les gamins qui sont en retard de maturation, ce qui n'a rien à voir avec le sujet sur lequel vous voulez m'emmener. »






– « Notre problème à nous, il faut bien le comprendre, c'est le problème des équipes de France, c'est qu'on souhaite travailler avec des jeunes dont on peut avoir l'impression qu'ils veulent s'engager pour les équipes de France. C'est logique : ça peut être de la logique économique, c'est surtout de la logique sportive. Je rappelle que ça a été avancé en premier lieu par le sélectionneur Laurent Blanc. Ça ne vient pas de nous. Et d'ailleurs, nous n'avons pas de solution particulière, nous n'avons émis aucun type de décision. Simplement, on souhaitait analyser un peu plus ces problèmes-là. »






Sur sa volonté d'instaurer «une espèce de quota»:






– « Non, je ne vois pas. Vous l'avez (par) écrit, vous l'avez? C'est des gens qui avancent ça, moi j'en sais rien. Si l'on reste dans le problème des bi-nationalités, moi j'ai demandé effectivement qu'on soit attentif. L'idée, c'est pas d'être discriminant, l'idée c'est de construire avec des jeunes qui veulent aller au bout avec nous. On souhaite aller à plus de vigilance. Ça s'arrête là. »






– « Mon souci, c'est d'identifier des joueurs qui ont envie de s'engager dans un projet à moyen terme: sélection nationale et ainsi de suite. Dans ce sens-là, ça veut dire qu'on va être plus précis dans l'approche qu'on va avoir des jeunes pour connaître leurs réelles motivations pour entrer dans ce système-là. Ça, on peut le dire. De dire qu'on va baliser sur des quotas, c'est une aberration totale. Totale.






– « Ceux qu'on ne veut pas oublier, c'est les garçons qui ont un talent potentiel et qui au départ sont désavantagés par une maturation trop lente, voire le fait d'être plus nés en fin d'année, ce qui les désavantage par rapport à ceux qui sont nés en début d'année. Si on veut parler de quotas, je peux vous dire que dans nos systèmes de détection, on impose d'avoir des jeunes nés après le premier juillet, parce que toutes les études qu'on a faites nous montrent que le système de sélection, avec l'idée de faire du résultat immédiat, faisait qu'on privilégiait les enfants nés en début d'année. Là oui, on peut parler de proportions. Ça s'arrête là. Y a pas d'autres idées de pourcentages ou de nombres. En ce qui concerne d'autres paramètres, je peux vous dire que ça n'a même pas été évoqué. Par contre, on a soulevé le problème des « bi-nationalités »»






Sur le chiffre de 30% :






– « Non, alors là franchement, ça ne me dit rien. Qu'à un moment donné, dans la discussion, des quotas soient intervenus, mais sur d'autres aspects: l'âge et ainsi de suite. Mais en ce qui concerne des pourcentages, ça serait extrêmement mal venu de parler de ça. »






– « Ah ça, carrément, ah ça c'est fantastique! Ca franchement, c'est réellement... Ca me paraît aberrant. Comment on peut avoir avancé ça. De toutes façons, au-delà de ça, ça n'a pas été entériné. Mais le chiffre de 30%, pourquoi pas 40, pourquoi pas 50 ?? On s'en sort pas. J'ai du mal à comprendre. »






– « Le quota de 30%, il va plutôt dans le sens des gamins nés après le 1er juillet, donc ça n'a rien à voir avec ce que vous voulez me faire dire. Ce sont les jeunes de maturation tardive. Effectivement, ça correspond à ça, puisqu'on prévoit en moyenne 6 joueurs sur 16 nés après le 1er juillet dans nos détections.»






Sur la volonté de Laurent Blanc de repenser les critères de sélection «avec notre propre culture, notre histoire» :






– « Quand on parle des critères de la « culture », ça repose sur la culture du jeu, c'est la culture du jeu. Et automatiquement, qui dit culture du jeu, dit l'intelligence de jeu, dit état d'esprit. Ça n'a rien à voir avec une quelconque culture d'origine, d'un continent, ou tout ce que vous voulez. »






Sur les photos d'une vingtaine d'équipes de la Ligue de Paris diffusées lors d'une réunion pour illustrer l'étendue du «problème »:






– « Mon argumentation était de montrer qu'à cet âge là, le côté exacerbé de la compétitions (la « championnite ») fait que la majorité des entraîneurs choisit des joueurs à caractère athlétique, et non pas des joueurs à caractère technique avec des vrais potentiels en termes d'avenir. »






– « C'étaient des joueurs qui étaient tous plus grands que leur entraîneur, à 15 /14 ans. L'origine n'a rien à voir. Y avaient des joueurs de toutes origines. »






– « Si l'on privilégie que l'athlétique, on risque d'oublier un certain nombre de talents d'ordre technique ou tactique. Dans les profils de joueurs qu'on veut mettre en valeur, quel que soit le gabarit, les notions d'état d'esprit, de mentalité et d'intelligence de jeu, sont largement aussi prédominantes que la valeur athlétique ou de pure technique. »














• Voici les réponses d'Erick Mombaerts, livrées par téléphone le 27 avril.






«Je ne sais pas quelle est cette histoire, de quoi vous parlez. Je crois qu'il y a confusion. (...) Il n'a jamais été évoqué ces problèmes de type raciaux. Laurent Blanc a évoqué des problèmes de binationalité. (...) Mais pour l'instant, il n'y a pas de solution qui a été envisagée. (...) Ça touche toutes les origines. Ca ne touche pas seulement les noirs et les arabes. (...)


C'est ridicule, ça. Il y a a des garçons des îles, il y a des garçons de couleur, d'abord on les appelle pas les noirs, nous, on les appelle les garçons de couleur, et ils ne peuvent pas changer de nationalité. Les choses n'ont jamais été évoqué comme ça. Bien sûr qu'on a fait un travail, à la DTN, sur la composition de nos sélections nationales de jeunes, et surtout on a vu le nombre de jeunes qui ont été internationaux dans nos équipes de jeunes et qui aujourd'hui sont partis rejoindre d'autres sélections étrangères. Le débat, il est là. Que là.


(...) Oui, on a posé la question « qu'est-ce qu'on fait », mais on n'a pas eu de réponse pour le moment. (...) Il y a deux choses différentes: le Pôle Espoir, et les centres de formation des clubs. Ces clubs sont des structures privées sur lesquelles nous n'avons aucune incidence sur le recrutement. (...) On n'a pas le droit de leur passer des messages.


Nous, on se demande quelle solution envisager pour ne pas être trop dépendants des binationaux. Mais il n'y a pas de connotation raciste. (...) Il est question de se revoir, au cours d'une réunion. On essaie de répondre à la préoccupation de Laurent. (...) Il y a beaucoup, de joueurs concernés, ne serait-ce que le meilleur buteur du championnat de France aujourd'hui. Qui d'autre? Heu, Plein. Heu, Ryad Boudebouz. Euh... Euh. Younès Belandha... Oui, bien sûr que c'est la règle qu'ils puissent choisir. Mais (...) on est un des seuls pays d'Europe où il y a autant de binationaux. Pour le moment, nous n'avons pas de pistes. On n'est pas dans la précipitation. Les pôles Espoir, seules structures qu'on peut maîtriser, n'ont reçu aucun ordre de quotas dans nos effectifs.


(...) Bien sûr qu'on a évoqué le (...) projet de jeu qu'on veut mettre en place, qui fait la part belle à l'intelligence de jeu et qui surtout ne fait plus de ségrégation, car il fait parfois aussi la part belle à des joueurs de petite taille. Laurent Blanc a eu le mérite de le dire: Xavi ou Iniesta n'auraient sûrement pas réussi ici en France. C'est une question de maturité. Ce que l'on voudrait aujourd'hui, c'est que les clubs aient d'autres critères de sélection que des critères athlétiques et des critères de taille. (...)


Le problème, c'est que quand on a beaucoup de maturité précoce, on est efficace sur le moment mais après... Surtout, on intègre les structures formatives mais malheureusement on laisse de côté des joueurs qui auraient pu... On peut prendre l'exemple de Antoine Griezmann, qui, un temps, a dû trouver un club en Espagne, à la Real Sociedad, parce qu'il n'a pas trouvé de club en France. Le plus bel exemple, il est là. (...)


Bien sûr qu'il serait inadmissible que la DTN ait recours à des quotas . (...) Ca n'a jamais été évoqué. Les gens qui disent le contraire, (...) il faudrait d'abord qu'ils montrent ce qu'ils disent en termes d'écrit. Si ça a été écrit quelque part. (...) On transforme vite une discussion qui correspond à des joueurs qui ont la binationalité sportive: (...) Mais encore une fois, entre l'interprétation et la discussion qui a été posée au départ par Laurent, on arrive à une déformation totale de la réalité. Pour le moment, jusqu'à preuve du contraire, ça n'aura même pas été évoqué. (...) Les signes morphologiques, ça peut aussi concerner des petits noirs. (...)


(...) Je peux comprendre qu'un joueur ait envie de jouer ailleurs. Mais peut-être que Laurent le comprend un peu moins, parce qu'il a été champion du monde sous le maillot bleu. C'est peut-être pour ça qu'il a crû, bon, de le dire. (...) Je trouve que les joueurs sont un peu trop pressés. Ils ne s'accordent pas non plus le temps pour peut-être défendre leurs chances et jouer en équipe de France. (...) Ce qui me choque un peu, c'est qu'on puisse (...) être né dans un pays, l'aimer, en tout cas avoir tous les avantages que peut offrir ce pays, et puis à un moment donné, parfois, pour des raisons pseudo-sportives... C'est Guy Roux qui a bien résumé ça: ils rejoignent certains pays, dans lesquels, ils ne sont parfois jamais allés. (...) Quand la France va chercher à enrôler sous son drapeau des gens qui viennent d'ailleurs, (...)moralement, (...) en tant que citoyen, je ne trouve pas ça très honorable


(...) On est conscients que nos équipes nationales comportent des joueurs de différentes origines et que ça fait notre force, et on le redit tout le temps: on ne va pas le nier. (...) Quand j'ai dit dans une interview au Monde, qu'on n'est plus tellement dans la France Black-Blanc-Beur, mais plutôt dans la France Black-Beur-Blanc, je voulais dire que les trois entités sont toujours présentes. Seulement entre la France de 1998, et la France d'aujourd'hui, cette répartition, elle a changé un peu dans ce sens-là. Voilà. C'est un constat.»














Source TERRA : http://www.mediapart.fr/journal/international/280411/foot-francais-les-dirigeants-veulent-moins-de-noirs-et-darabes






1 commentaire:

Anonyme a dit…

Un premier dossier pour le nouveau Défenseur des droits
article de Carine Fouteau de Mediapart

Les discriminations dans le football français devraient faire l'objet d'une des toutes premières enquêtes du nouveau Défenseur des droits qui va prendre ses fonctions lundi 2 mai 2011. C'est en tout cas ce qu'a avancé Éric Molinié, le président de la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (Halde) en rendant public le dernier rapport annuel de cette instance qui fusionne avec le médiateur de la République, le Défenseur des enfants et la Commission nationale de déontologie de la sécurité. Avec l'enquête de Mediapart, «il y a tout a priori pour caractériser une discrimination, à savoir une différence de traitement liée ici à l'origine», a-t-il indiqué, lors d'une conférence à l'issue d'une rencontre avec Nicolas Sarkozy. «Il faut regarder le sujet dès lundi et faire une enquête (...). S'il s'avère qu'il y a une différence de traitement sur un des 18 critères de discriminations établis par la Halde, alors il peut y avoir saisie ou autosaisie», a-t-il précisé.

Plusieurs associations de lutte contre le racisme et les discriminations ont souligné la «gravité» des faits révélés «s'ils sont avérés», comme l'a souligné la Ligue des droits de l'Homme (LDH) dans un communiqué. «Ils corroborent le sentiment que la Fédération française de football (FFF) contourne la loi, se comporte comme une puissance indépendante qui agit selon son propre règlement. La FFF considère que sa puissance et son statut lui donnent la possibilité de créer son propre droit», regrette-t-elle, ajoutant que ces informations «s'ajoutent à l'attitude de la Fédération française de football qui organise le refus de délivrance de licence aux mineurs étrangers ayant moins de cinq ans de présence en France. Officiellement, cette règle établie par la Fifa et appliquée par la FFF a pour but d'empêcher le trafic de jeunes joueurs étrangers. Dans la réalité, elle conduit à interdire à des jeunes, parce qu'étrangers, de jouer au football dans le cadre de clubs reconnus».

Tandis que la LDH demande qu'une enquête soit diligentée par le parquet de Paris, le Conseil représentatif des associations noires (Cran) exige une commission d'enquête parlementaire sur le racisme dans le sport, en plus de «sanctions exemplaires». «Cette affaire est étonnante mais pas surprenante car il y a en France une libération de la parole raciste au plus haut niveau de l'État», indique Patrick Lozès, le président du Cran. «Cette fois-ci, on est au-delà de la banalisation d'une parole raciste. Il s'agit de politiques racistes. L'extrême droite est-elle à la tête de l'équipe de France de football?», s'interroge-t-il.

Le président de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra), Alain Jakubowicz, dénonce quant à lui la «racialisation des discours de ces dirigeants du foot», à l'image selon lui «de la tendance à l'ethnicisation et la communautarisation de la société». Il lie cette affaire qu'il qualifie de «FFFgate» au «syndrome Messi, le nouveau Dieu du foot mondial». «Sa réussite sert à justifier le fait qu'on n'aurait plus besoin de gros blacks bodybuildés, mais qu'il faudrait des petits blancs bien malins. Tous ces stéréotypes sont effroyables», estime-il, ajoutant qu'«il est bon que la lumière soit faite sur tous ces non-dits».

Tout comme le Cran, la Licra, qui a conclu des partenariats avec des clubs et est présente dans les conseils de discipline du foot amateur, se déclare prête à porter l'affaire devant la justice, l'une et l'autre plaidant en faveur d'un renforcement des moyens financiers alloués à la lutte contre le racisme et les discriminations.