Des sanctions aussi lourdes sont rares dans la fonction publique. Dix-huit mois d’exclusion temporaire, dont six ferme, ont été prononcés à l’encontre de Sihem Souid, ex-agent de la police aux frontières (PAF). Sa faute ? Avoir publié un livre, Omerta dans la police (1), qui dénonce un climat de racisme et d’homophobie dans son ancien service, chargé de lutter contre les migrants illégaux.
Un sursaut républicain qui n’est pas du goût du ministre de l’Intérieur, qui a la haute main sur la procédure disciplinaire. Claude Guéant « n’a pas choisi la voie de l’apaisement », ont jugé les avocats de la policière, William Bourdon et Béatrice Dubreuil.
La sanction finalement annoncée mardi contre l’ancienne adjointe de sécurité (ADS) pour manquement au devoir de réserve est inférieure à celle évoquée lors de son passage en conseil de discipline, en avril. Mais elle privera Sihem Souid de rétribution pendant près de six mois, alors qu’elle a déjà été affectée dans un autre service comme adjointe administrative. Elle avait alors dû se battre en justice pour faire annuler au mois de mars une première suspension de quatre mois requise à son encontre au motif qu’elle aurait violé le secret professionnel en se confiant à des journalistes.
Au-delà du harcèlement disciplinaire, le ministre de l’Intérieur a, par cette nouvelle sanction, entériné «un principe gravement antidémocratique selon lequel tout fonctionnaire qui révèle de graves illégalités au sein de son administration doit être lourdement sanctionné», alertent ses défenseurs. Ceux-ci ont d’ores et déjà annoncé qu’ils saisiraient le juge administratif dans les prochains jours.
1. Éditions du Cherche-Midi.
Pierre Duquesne
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