jeudi 26 avril 2012

Salah Hamouri était à Grigny

Ce mardi Salah Hamouri que j'ai maintes fois soutenu lors de différentes actions était à Grigny ville du rhône qui a fait de Salah son citoyen d'honneur. Il est passé afin de remercier tous ceux qui l'ont soutenu lors de ces longues années d'emprisonnement dans les prisons israéliennes pour rien, vraiment rien. Il a été comme des centaines de milliers de Palestiniens victime de la répression israélienne dont l'objectif est de casser tout esprit de révolte au sein de la population palestinienne.
Il était de passage  et moi je n'étais pas au rendez vous pris dans d'autres engagements militants mais l'esprit était là et j'ai suivi son passage grâce aux témoignages d'amis et l'excellent interview de Nadia Lakehal  que je retranscris ici

LA RENCONTRE DU MOIS DE NADIA avec Salah Hamouri  : « En Israël, des tribunaux militaires jugent, emprisonnent et torturent des enfants palestiniens de 8 ans.»

Jeudi 26/04/2012 | Posté par Nadia Lakehal
Salah HAMOURI a été emprisonné dans une prison israélienne pendant 6 ans, 9 mois et 15 jours. Arrêté puis jugé par un tribunal militaire israélien pour délit d’opinion : il lui a été reproché d’être contre le colonialisme.
D’autres accusations ont été portées à son encontre selon lesquelles il aurait eu l’intention de commettre un attentat contre un rabbin d’extrême droite, Ovadia Yossef. Israël le soupçonne d’appartenir au FPLP (front populaire de libération de la Palestine). Tout cela sans en apporter la moindre preuve et le moindre fait. Pendant presque 7 ans ce franco-palestinien va vivre l’enfer dans les geôles israéliennes. Lors de sa détention,  en France, des milliers de personnes vont le soutenir et se mobiliser afin de la libérer. S’associeront à ce combat de grands noms comme Stéphane Hessel, François Cluzet et bien d’autres alors que du côté de l’Élysée, ce sera le silence radio. René Balme, maire de Grigny (69), sera le premier a nommer  Salah HAMOURI citoyen d’honneur d’une ville française. C’est d’ailleurs dans cette même ville que Nadia a pu rencontrer Salah Hamouri.


  Interview réalisé par Nadia Lakehal


Comment allez-vous Salah ?

SALAH HAMOURI : Je vais bien, merci.

Que cela vous fait-il  de voir autant de gens, dans toute la France, qui se sont mobilisés pour vous et qui vous offre un accueil aussi vibrant et chaleureux ?

SALAH HAMOURI : Depuis le 4 avril, je fais le tour de France et cela va durer jusqu’à la mi-mai. Je ne pensais pas que la mobilisation pour me soutenir était aussi grande. Je recevais beaucoup de lettres, ma mère me disait que des gens me soutenaient mais c’était assez flou pour moi car je ne voyais pas de ma prison ce qui se faisait sur le terrain. Aujourd’hui, je peux enfin voir ces personnes, je peux leur parler, les remercier, témoigner en les regardant. Leur raconter mon histoire et toutes ces choses qu’ils ne savent pas… le contact est plus chaleureux aussi.

Concernant votre arrestation, que vous a-t-on reprochée exactement ?

SALAH HAMOURI : L’accusation c’est d’avoir eu l’intention d’assassiner un rabbin d’extrême droite et d’être membre du FPLP. J’ai été jugé dans un tribunal militaire. Un palestinien innocent jugé dans un tribunal militaire, sait d’avance qu’il n’en ressortira jamais innocenté. Déjà nous ne cherchions pas à défendre notre innocence car nous savions que ces tribunaux étaient construits pour torturer les palestiniens. Quand vous êtes jugés dans un tribunal militaire, vous pouvez voir des enfants de  8 ans, 10 ans être jugé au nom de la sécurité militaire… Ces enfants peuvent rester en prison pendant plusieurs mois voire plusieurs années. Tout cela parce que certains de ces enfants ont jeté une pierre pour défendre leur père ou leur mère malmenés par des soldats israéliens. Le but n’est pas la protection et la sécurité du pays, le but réel est de détruire l’enfance des palestiniens.

Est-ce que vous avez été torturé ?


SALAH HAMOURI : Alors je vais essayer de faire court. Les trois premiers mois ont été les plus difficiles pour moi et les autres prisonniers. C’est une étape très dure qui est l’étape de l’interrogatoire. Certains prisonniers subissent ces interrogatoires durant six mois. Moi, j’ai été isolé pendant trois mois, je n’ai vu personne. Je ne savais pas où j’étais. J’étais dans une cellule grise de deux mètres sur trois mètres avec une petite lumière jaune où j’étais totalement isolé pendant plusieurs mois. J’ai été interrogé, assis, attaché à une chaise mains et pieds menottés avec des interrogatoires de 20 heures,  22 heures non-stop … Suite aux décès de plusieurs prisonniers palestiniens, le tribunal civil a exigé que l’on demande son accord avant d’interroger ces prisonniers. Aujourd’hui, le tribunal civil israélien a légalisé ces tortures.

Une semaine avant mon  arrestation, mon père était rentré à l’hôpital pour une opération du cœur. 1o jours plus tard, pour me mettre la pression, ils m’ont bandé les yeux, m’ont fait entrer dans une pièce où ils ont ouvert une petite fenêtre. Ils ont enlevé mon bandeau et j’ai vu mon père se faire torturer. C’est un moyen de déstabilisation, cette première étape a duré trois mois.

Je veux aussi parler des enfants jugés et emprisonnés par ces tribunaux militaires et cela de la même manière que les adultes. Dans des circonstances très difficiles. Depuis 2007, ces enfants et ces adultes ne reçoivent pas de visites. Il leur est interdit de recevoir des livres, ces enfants sont isolés. Aujourd’hui,  Israël refuse de créer un tribunal pour enfants. Il faut parler de ces enfants, il faut avertir l’opinion publique du sort réservé à ces enfants. Depuis 2006, les prisonniers de la bande de Gaza ne reçoivent aucune visite, aucun téléphone. Des prisonniers ont appris la mort de leurs proches plusieurs mois plus tard. Il y a des hommes emprisonnés depuis 25 , 30 ans (ndlr ceux que l’on nomme « les généraux de la peine »).  Israël a aussi refusé de soigner et de libérer des hommes atteint d’un cancer. Il faut se mobiliser, il faut qu’Israël comprenne que ces prisonniers ne sont pas seuls et qu’il y a des personnes dans le monde entier qui les soutiennent.


Est-ce vrai que certains prisonniers servent de cobaye ?

SALAH HAMOURI : Sur 400 prisonniers, il y en a 18 atteints de cancer. Des médicaments sont testés sur des prisonniers. Israël ramène aussi des étudiants israéliens en sociologie pour étudier le comportement des prisonniers palestiniens. Ces prisons servent pour les recherches en médecine et en sociologie.

Vous êtes de nationalité française, comment avez-vous vécu l’indifférence de l’état français pendant presque 7 ans?

SALAH HAMOURI : Je n’ai jamais été défendu comme un citoyen français. Sarkozy avait promis d’aller chercher tous les français où qu’ils se trouvent dans le monde. Il l’a fait pour tout le monde sauf pour moi !

Aujourd’hui en  France, on fait souvent l’amalgame entre la défense de la cause palestinienne et l’antisémitisme…

SALAH HAMOURI :
Le peuple palestinien et moi faisons bien la différence entre les Juifs et l’état d’occupation. Notre problème est avec l’occupation et le sionisme. Les grands médias déforment les propos de ceux qui soutiennent la cause palestinienne. Il ne faut pas arrêter la lutte par peur d’être traité d’antisémite. Quand le monde entier se mobilisera massivement en faveur du peuple palestinien alors les médias arrêteront de parler à tort d’antisémitisme.

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