dimanche 6 janvier 2008
Centre de rétention du bois de Vincennes: témoignages
En revenant de Vincennes (le 3 janvier).Ce jeudi-là, au matin, la radio relatait d'un ton léger que les membres duSaint Gouvernement allaient gaiement recevoir les récompenses pour labesogne accomplie, des mains du Grand Manitou. L'un de ces sinistrespersonnages, B**** H********, se trouvait passible d'une « mauvaise note »(si si le président note ses élèves - ministres, c'est-y pas mignon ??)pour n'avoir pas bien fait son devoir. Malgré le zèle des flics en cettefin d'année, les chiffres n'étaient pas suffisants, « le compte n'y étaitpas ». Pourtant, au micro de la journaliste, le triste sire, revenant d'un« petit déjeuner ministériel » où il s'était assurément pété le bide, secontentait d'une petite boutade et d'un rire de circonstance. Qu'à celane tienne ! Les 25 000 « indésirables » n'ayant pas pu être expulsés cetteannée, le Pouvoir entend « travailler plus pour expulser plus » l'anprochain, en fixant la barre à 28 000 déportations en 2008. Les bonnesrésolutions n'attendent pas chez les hautes sphères de l'Etat.Une marche vers le centre de rétention de Vincennes était organiséel'après-midi du même jour. Quelques 200 personnes étaient présentes,motivées mais pacifistes pour la plupart. Après une heure de marche, nousarrivons, en plein milieu des bois, devant cet endroit innommable. Uneforte présence des gardes mobiles nous avait précédée. Pour qui ne s'estjamais retrouvé en face d'un bâtiment pareil, il faut se représenter lachose : un fort énorme avec des murs hauts de dix mètres, sombres etrecouverts de barbelés, dominés par des miradors et des projecteurs aveuglants. Depuis notre emplacement, nous pouvons apercevoir les immensesbaraquements à l'intérieur de l'enceinte. Là se trouvent enfermés descentaines de personnes, attendant dans l'angoisse qu'on les saisisse etqu'on les déporte vers ce que les autorités appellent « leur pays ».Nous réussissons à gueuler assez fort pour nous faire entendre desprisonniers, et ceux-ci répondent aux cris de « Liberté ! Liberté ! » et «Murs par murs, pierre par pierre, nous détruirons toutes les prisons ! ». Un élu inopportun tente de prendre la parole, pour noyer le sujet enévoquant un « soutient à l'amélioration des conditions de détention dansles centres. ». Fort heureusement, nous parvenons à faire taire ce cuistremodérateur et récupérateur professionnel, qui ensuite ne tarda pas às'éclipser. Un dialogue par téléphones interposés se met en place avecles détenus, ces derniers décrivant leur calvaire et les violencespolicières subies par eux à l'intérieur du camp, ainsi que leur récenterévolte. Les témoignages furent poignants, très durs parfois, tant ce queces personnes subissent est difficile à imaginer, pour nous qui sommes en« situation régulière ».Devant nous, deux rangées de militaires, certains s'échangeant des blaguesdont nous ne souhaitons connaître le contenu.Dans leur regard à tous, lamême expression vide, l'absence de réaction à nos invectives, symboles dela violence étatique, sourde et muette. Et toujours le même constat :nous ne sommes pas assez nombreux, désarmés, impuissants devant cetteinfâme prison, pas assez enragés peut-être. Pourtant, au fond, noussavons tous qu'aucun gouvernement ne réglera ce versant de la questionsociale, étant donné que la « gauche socialiste » aussi a participélargement à la construction de ces camps inhumains, ainsi qu'aux loisanti-immigrés qui en sont la cause. Alors ?Alors il faudra bien un jour que toutes celles et tous ceux qui,révolté(e)s par ce drame quotidiennement renouvelé, tirent la conclusionsuivante : ces monstruosités carcérales qui détruisent des vies humainesdoivent disparaître, et personne ne le fera à notre place.Non Fides(Groupe Anarchiste Autonome)contact: non-fides@hotmail.frforum public: http://s188024357.onlinehome.fr/foro/index.php_______________________________________________Actualité de l'Anarcho-syndicalismehttp://liste.cnt-ait.infohttp://cnt-ait.infoContact@cnt-ait.infoReproduction, diffusion et traductions encouragées
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