L’historien israélien Ilan Pappe gâche les commémorations de l’Etat hébreu en publiant un livre choc sur la Naqba, nettoyage ethnique dont les Palestiniens ont été victimes en 1948. Il démolit la thèse officielle d’une terre vierge pour un peuple sans terre. C’est le livre d’histoire de l’année, un livre que toutes les bibliothèques seraient bien inspirées d’en faire au plus vite l’acquisition. Revenons au cadre historique. Nous sommes en Palestine en 1947. Le pays compte près de 2 millions d’habitants : un tiers de juifs, deux tiers d’Arabes. La résolution 181 des Nations unies décide de sa partition en deux Etats : l’un doit être presque exclusivement composé d’Arabes ; dans l’autre, les juifs seraient légèrement majoritaires. Un an plus tard, c’est un Etat à très forte majorité juive, Israël occupe 78% de la Palestine. Plus de 500 villages ont été rasés, de nombreuses villes ont presque entièrement perdu leur population arabe. Et 800 000 Arabes palestiniens originaires des territoires qui font désormais partie d’Israël peuplent des camps de réfugiés hors de ses frontières. Que s’est-il passé ? Conséquence de la guerre de 1948, les Arabes sont partis d’eux-mêmes, répond Israël. Non, c’est une entreprise délibérée, systématique d’expulsion et de destruction, un nettoyage ethnique, répond Ilan Pappe, documents à l’appui. En 1917 déjà, Leo Motzkin déclarait : « Nous pensons que la colonisation de la Palestine doit aller dans deux directions : installer des juifs en Eretz Israël et réinstaller des Arabes d’Eretz Israël en dehors du pays. Le transfert de tant d’Arabes peut paraître, à première vue, économiquement inacceptable. Mais c’est faisable. Réinstaller un village palestinien sur d’autres terres n’est pas si coûteux. » « Le fait que les expulseurs étaient de nouveaux venus dans le pays et participaient à un projet de colonisation s’apparente – dans le cas de la Palestine – à l’histoire colonialiste du nettoyage ethnique en Amérique du Nord et du Sud, en Afrique et en Australie, où les colons blancs commettaient couramment ce type de crimes », rétorque Ilan Pappe. La Maison rouge L’historien donne des détails sur la préparation de ce nettoyage ethnique. Il localise le lieu où a été élaboré le plan D (Daleth). La Maison rouge a été construite dans les années 1920 à Tel-Aviv pour être le siège de l’union locale du syndicat ouvrier. En 1947, elle devient le quartier général de la Haganah, la principale milice clandestine sioniste en Palestine. « Dans cette maison, par un froid mercredi après-midi, celui du 10 mars 1948, onze hommes, vieux dirigeants sionistes et jeunes officiers juifs, ont mis la dernière main à un plan de nettoyage ethnique de la Palestine », précise Ilan Pappe. Le soir même, des ordres ont été envoyés aux unités sur le terrain. « Ces ordres s’accompagnaient d’une description détaillée des méthodes à employer pour évacuer les habitants de force : intimidation massive, siège et pilonnage des villages et des quartiers, incendie des maisons, des biens, des marchandises, expulsion et pose des mines dans les décombres pour empêcher les expulsés de revenir. » Six mois plus tard, près de 800 000 personnes – plus de la moitié de la population indigène de Palestine – avaient été déracinées, 531 villages détruits, 11 quartiers détruits. Comment expliquer qu’un tel crime, déplacement d’une population, soit resté ignoré, quand il n’est pas contesté ? « Il est bien difficile de comprendre et d’ailleurs d’expliquer pourquoi un crime perpétré à l’époque moderne et dans une conjoncture historique qui garantissait la présence de journalistes étrangers et d’observateurs de l’ONU a pu être si totalement ignoré. On ne peut nier pourtant que le nettoyage ethnique de 1948 a été presque entièrement extirpé de la mémoire collective mondiale et effacé de la conscience du monde », note Ilan Pappe. Son livre est une charge contre la thèse sioniste. Ilan Pappe fait partie des « nouveaux historiens israéliens », émergés dans les années 1980, qui ont révisé le récit sioniste de la guerre de 1948. Le monde arabe attend ses Ilan, ses nouveaux historiens. Un livre indispensable. Le nettoyage ethnique de la Palestine, Ilan Pappe, Fayard, 2008 Rémi Yacine El Watan
__________________Quand le vent souffle fort,certain construisent des murs,d'autre des moulins à vent...
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3 commentaires:
C'est bien Tahar de rappeler que la commemoration de la création d'israël, c'est aussi glorifier des crimes de guerres.
Un peu comme si la France fétait les massacres de Sétif ou de Guelma en mai 45.
@+
Je ne fais que mon devoir de citoyen. On ne peut pas fermer les yeux quand ils sont ouverts devant la réalité et se boucher les oreilles quand les cris fusent de partout, à moins de s'enterrer vivant et accepter d'être hanté pour l'éternité par la honte (tahar, coeur de lyon)
Un lien qui en dit long sur cette pseudo démocratie
http://pouvoiretpsychopathie.hautetfort.com/archive/2008/05/12/jenine-jenine.html
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