dimanche 30 octobre 2011

René Naba à Lyon: exercice difficile

conférence/René Naba 30/10/11 LYON
L'exercice ne fut pas du tout aisé pour René Naba venu parler des révolutions arabes. Même un dimanche, la conférence magistrale tenue dans une ambiance décontractée attira énormément de monde. Un public dans son écrasante majorité maghrébine et assez mixte. Cette conférence annoncée dans ce blog m'avait intéressé pour la raison assez simple que j'avais perçu depuis plusieurs mois, une attitude bizarrement changeante dans la perception des révolutions arabes de la part de René Naba. Je voulais en avoir le coeur net en me déplaçant pour cette rencontre et c'est là ou je constatais de mes propres yeux et surtout oreilles que OUI, René NABA ne croyait plus trop à ces révolutions arabes, qu'il espérait surtout des Arabes de France qu'ils soient derrière la mise en route d'un automne français. Il y avait en lui comme un désir profond de voir la France et même l'Europe subir des révolutions et ainsi se prouver à lui même que la réaction dans ce cas serait de la même nature qu'en Syrie. Il a beaucoup parlé de la Syrie. Il l'a surtout beaucoup défendu en créant une confusion volontaire entre l'état Syrien, le peuple Syrien et le régime syrien. Pas une fois, il n'a utilisé l'expression "Bashar El Assad", il a surtout critiqué la bureaucratie syrienne et ça il l'a répété bien facilement 3 fois comme s'il voulait faire oublier ses silences sur les atrocités du régime depuis le début des révoltes de mars.

Systématiquement, il a dénoncé les tentatives de déstabilisation de la Syrie en frappant tout azimut sur l'Egypte, les USA, la Turquie et surtout en créant une confusion entre la Turquie de Kamal Attaturk, celle qui fut à l'origine du génocide arménien, celle qui était clairement anti musulmane et laïque et la Turquie d'Erdogan, musulmane et qui n'hésite pas à dire les 4 vérités à Israël, l'allié de toujours. Une confusion inacceptable et volontaire afin de dénigrer la Turquie qui aujourd'hui, critique ouvertement la Syrie. Mais, il n'a jamais cherché à reprocher à Bashar d'avoir eu un grand père qui avait soutenu l'implantation des sionistes en Palestine allant jusqu'à écrire à Léon Blum 'lire article ici' .
Et puis toujours cette manière de noyer le public avec des chiffres sortis du contexte. Par exemple sur le prix du baril de pétrole octroyé à l'Egypte et en le comparant au prix facturé à la Jordanie et à la Syrie. C'est vrai que l'Egypte vendait son pétrole à perte à Israël, ' c'était en parti le prix à payer pour récupérer le Sinaï. Mais il ne faut pas aussi dire n'importe quoi. Tout d'abord, l'Egypte importe du pétrole à l'Algérie et elle n'en vend pas à la Syrie qui se fait ravitailler par ses amis iraniens. Mais personne ne pouvait interrompre Monsieur René Naba quand il parlait. Vous me direz, c'est normal même quand ça tournait à la vocifération. Plus je l'écoutais et plus je me demandais si j'allais pouvoir lui poser toutes mes questions pour réajuster ses propos mais aussi lui demander son opinion sur certains points qu'il évitait d'aborder.
A vrai dire, ça a été permanent dans sa conférence, il ramenait systématiquement la discussion autour d'une Syrie victime d'un complot américano sioniste. 

Pensant trouver un public majoritairement Algérien, il a cassé du sucre sur le Maroc, caresser du poil les Algériens en considérant à l'instar de la Syrie que l'Algérie faisait parti du camp de ceux qui ne bradent pas la cause arabe oubliant que ça fait des années que l'Algérie coopère avec les USA et l'OTAN allant même proposer un jour par la voix de l'ambassadeur algérien en Suisse au lendemain de l'opération plomb durci de coopérer avec Israël. Il oublie que l'Algérie a placé une grosse partie de sa fortune en bons du trésor américain, que l'Algérie avait il y a quelques années signé des contrats de vente de gaz à perte avec les USA, que l'Algérie coopère militairement avec les USA et qu'une partie de ses officiers ont été formés aux USA. J'ai même l'impression qu'à ce moment , il disait n'importe quoi.


Son exposé fut long riche en informations, peut être trop riche et on finissait par s'y perdre dans les détails et les plongeons dans le passé en provoquant des confusions volontaires comme il fit par exemple au sujet de la Turquie. Il en voulait beaucoup à la Turquie mais aussi à la France à qui il reprochait son intervention en Libye. A vrai dire, il avait une dent contre tous ceux qui s'en étaient pris à la Syrie. Il en devenait presque agressif et malheur à celui qui rentrait en conflit avec lui.

Sur la question de savoir pourquoi il passait si peu à la télé alors qu'il se considérait comme un pédagogue, il répondait qu'il ne voulait pas cautionner des médias qui n'allaient pas lui donner le loisir de s'exprimer.

J'aurai bien voulu lui poser des questions mais il m'avait interdit de lui en poser, attendant de ma part des excuses sur une remarque faite à un spectateur, remarque qu'il avait décidé qu'elle lui était destinée, ce qui n'était pas le cas. Il n'empêche que certaines questions ont mis très mal à l'aise le conférencier qui ne voyait dans ces révolutions qu'un complot occidental en reconnaissant du bout des lèvres la spontanéité des mouvements. Un spectateur fit une intervention intéressante en rappelant que les peuples ne pouvaient pas indéfiniment être soumis à la dictature et que les dictateurs finiront par tomber. Là, il n'était pas à son aise et le jeu des questions réponses commencèrent à l'agacer réellement. Il devait certainement se demander ce qu'il faisait au milieu de tous ces "bougnoules" , terme qu'il usa un peu trop à mon goût lors de son discours. Après d'autres questions critiques, il se dépêcha de liquider le débat séance tenante et ne tarda pas à s'éclipser hors de la salle.

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