C'est en lisant cet extrait d'un article "Que l'on nous dise la vérité. Nous sommes prêts à l'entendre. (...) Mon fils n'a pas envie de rentrer. Il n'est pas du tout dans cette optique. Il veut continuer à se battre pour ses copains qui sont tombés sur le front. Son retour est prévu dans quatre mois, peu avant Noël." , que je me pose réellement des questions.
Il me semblait que le président de la république avait envoyé les troupes en Afghanistan pour soi-disant lutter contre El Quaïda qui menace le monde libre.
Si après juste de la mort de 10 soldats et peu importe dans quelles conditions, on en vient à lire :" il veut continuer à se battre pour ses copains qui sont tombés au front", il sera bientôt impossible d'empêcher des tueries de civils par vengeance. Le soldat étant dans sa tête persuadé que les civils sont complices, son désir de laver l'affront sera plus grans que l'objet de la mission.
Je pense que les Français ont intérêt à vite prendre des cours auprès des britanniques sous peine de se faire piéger en afghanistan dans une nouvelle guerre d'Algérie.
Quelques lectures qui permettent de faire un parallèle avec la guerre d'Algérie
un livre: Des soldats français racontent leur guerre d’Algérie
* Des Miages aux Djebels. Notre guerre d’Algérie, « Alain, André, Bernard et Claude 1956-1962 », St Gervais les Bains, éd. Mémoire et regards, 336 pages, prix 25€. Commander le livre miages-djebels@miages-djebels.org.
dont voici un extrait , à lui seul tout un symbole.
'« Dans notre guerre, se sont surtout les soldats des deux camps qui ont été sincères : ils n’ont pas triché. Ils ont obéi et ont fini par croire qu’ils combattaient pour une cause juste. Souvent, ils sont morts d’avoir cru à un rêve impossible, devenu cauchemar, celui de la fraternité. » Et pour cause, « Les uns se battaient pour une Algérie qu’il fallait garder avec la France », certains de protéger les populations algériennes des « terroristes », pendant que « les autres [combattaient] pour une vraie démocratie et l’indépendance » afin de vivre en paix avec ceux qu’on allait appeler « les pieds noirs ». « Ils ont tous été trahis. »'
Algérie 1956: Pacifier. Tuer.Lettres d'un soldat à sa famille Un livre édité par Syllepse
Deux millions de jeunes Français ont effectué leur service militaire en Algérie entre 1955 et 1962. Au plus fort de la guerre 400.000 militaires français quadrillent l'Algérie.
Ce livre donne à lire un document, apparemment banal, les lettres que Jean Martin adresse à sa famille tout au long de son séjour en Algérie. Il n'a aucune distance critique de ce qu'il fait. Bien au contraire. Il est fier de servir, satisfait de savoir faire le boulot, un peu condescendant vis-à-vis des corps de troupes réputés moins aguerris, moins efficaces dans la réalisation des missions.
Au fil de quatorze mois, ces lettres décrivent ce que Hannah Arendt a pu nommer "la banalité du mal". Dans la même lettre on le voit demander des nouvelles d'une petite voisine, "qui a dû bien grandir" depuis qu'il ne l'a vue; et quelques lignes après expliquer "demain je suis de corvée de torture... que voulez-vous même pas agréable, on le fait à chacun son tour". Un autre jour, il explique à la famille que pour la nourriture "ça va". Ce n'est vraiment plus la peine de lui envoyer des colis: maintenant "ils" se font suffisamment respecter dans la région où il est cantonné, et les "bougnoules" se sentent bien forcés de leur donner tout ce qu'ils exigent: "que voulez-vous, il faut bien leur faire comprendre qui est le maître!"
Plus loin, il raconte avec force détails une opération de représailles: un village s'était réjoui qu'une mine ait fait sauter un camion de l'armée française, tuant plusieurs soldats. "On leur a fait creuser des trous pour enterrer tous les morceaux de ferraille, et un trou plus grand. Puis on les a tous tués, des plus âgés au plus jeunes." A peine sent-on parfois une sorte de lassitude, à la veille d'une permission qu'il attend depuis des semaines.
L'auteur de ces lettres sentait bien qu'elles laissaient ses parents perplexes ou tristes. Il les "rassure" à plusieurs reprises en reprenant, vraisemblablement, les arguments donnés par les officiers au sujet de la guerre, de son bien-fondé contre les terroristes, du rôle de la France, de tout ce qu'il faudra faire après la "pacification".
Il s'agit-là d'un document, au ras de la vie quotidienne d'un jeune Français envoyé "maintenir l'ordre" en Algérie.
Précisons-le: Jean Martin est un nom d'emprunt, choisi pour rendre ce témoignage anonyme. Par égard pour la famille, qui ne souhaite pas une publicité déplacée, nous avons choisi le nom propre le plus répandu en France et l'un des prénoms des plus diffusés.En fait, cela ne nous gène en rien. Au contraire: cette sorte d'anonymat fait d'autant mieux ressortir que n'importe quel soldat d'Algérie, mobilisé pour la guerre coloniale, aurait pu faire et écrire cela.En revanche, nous avons conservé toutes les précisions d'appartenance, de régiment, de région d'opération et de grades militaires, ce qui peut permettre à qui le souhaite de vérifier circonstances et faits.
Une préface traite la question de la mémoire de cette période et ses enjeux encore contemporains. Une contribution d'historien restitue le cadre factuel, événementiel des années 1956-1957. Ce livre, à partir du vécu d'un sans grade, nous semble un document capable de permettre le retour de conscience critique, l'effort de mémoire que requiert la guerre d'Algérie.
Ce livre donne à lire un document, apparemment banal, les lettres que Jean Martin adresse à sa famille tout au long de son séjour en Algérie. Il n'a aucune distance critique de ce qu'il fait. Bien au contraire. Il est fier de servir, satisfait de savoir faire le boulot, un peu condescendant vis-à-vis des corps de troupes réputés moins aguerris, moins efficaces dans la réalisation des missions.
Au fil de quatorze mois, ces lettres décrivent ce que Hannah Arendt a pu nommer "la banalité du mal". Dans la même lettre on le voit demander des nouvelles d'une petite voisine, "qui a dû bien grandir" depuis qu'il ne l'a vue; et quelques lignes après expliquer "demain je suis de corvée de torture... que voulez-vous même pas agréable, on le fait à chacun son tour". Un autre jour, il explique à la famille que pour la nourriture "ça va". Ce n'est vraiment plus la peine de lui envoyer des colis: maintenant "ils" se font suffisamment respecter dans la région où il est cantonné, et les "bougnoules" se sentent bien forcés de leur donner tout ce qu'ils exigent: "que voulez-vous, il faut bien leur faire comprendre qui est le maître!"
Plus loin, il raconte avec force détails une opération de représailles: un village s'était réjoui qu'une mine ait fait sauter un camion de l'armée française, tuant plusieurs soldats. "On leur a fait creuser des trous pour enterrer tous les morceaux de ferraille, et un trou plus grand. Puis on les a tous tués, des plus âgés au plus jeunes." A peine sent-on parfois une sorte de lassitude, à la veille d'une permission qu'il attend depuis des semaines.
L'auteur de ces lettres sentait bien qu'elles laissaient ses parents perplexes ou tristes. Il les "rassure" à plusieurs reprises en reprenant, vraisemblablement, les arguments donnés par les officiers au sujet de la guerre, de son bien-fondé contre les terroristes, du rôle de la France, de tout ce qu'il faudra faire après la "pacification".
Il s'agit-là d'un document, au ras de la vie quotidienne d'un jeune Français envoyé "maintenir l'ordre" en Algérie.
Précisons-le: Jean Martin est un nom d'emprunt, choisi pour rendre ce témoignage anonyme. Par égard pour la famille, qui ne souhaite pas une publicité déplacée, nous avons choisi le nom propre le plus répandu en France et l'un des prénoms des plus diffusés.En fait, cela ne nous gène en rien. Au contraire: cette sorte d'anonymat fait d'autant mieux ressortir que n'importe quel soldat d'Algérie, mobilisé pour la guerre coloniale, aurait pu faire et écrire cela.En revanche, nous avons conservé toutes les précisions d'appartenance, de régiment, de région d'opération et de grades militaires, ce qui peut permettre à qui le souhaite de vérifier circonstances et faits.
Une préface traite la question de la mémoire de cette période et ses enjeux encore contemporains. Une contribution d'historien restitue le cadre factuel, événementiel des années 1956-1957. Ce livre, à partir du vécu d'un sans grade, nous semble un document capable de permettre le retour de conscience critique, l'effort de mémoire que requiert la guerre d'Algérie.
Voici la transcription d'une lettre qui illustre"la banalité du mal":
La gare de Nedromah le 8 Juin 1957
Mes bien chers
Hier j'ai reçu votre... et aujourd'hui votre lettre.
Je vous remercie beaucoup pour le médicament dont j'ai fort besoin étant donné que ma circulation sanguine est loin d'être bonne en ce moment.
En fait presque 50 nuits que nous sortons de suite aussi physiquement nous n'en pouvons plus. Le maximum que nous pouvions dormir est d'environ 3 h par nuit. Le nombre d'heures de sommeil est supérieur à une nuit normale mais l'irrégularité du repos nous use petit à petit. Et si parfois une nuit complète nous arrive, impossible de fermer l'œil car on se réveille plusieurs fois.
En tout cas ma petite maman ne t'inquiète pas pour ma nourriture car nous mangeons très très bien; rien, absolument rien ne nous manque et ne crois surtout pas que j'exagère. Nous pillons les vergers et jardins sur ces fumiers d'Arabes. Il y a quelques jours un G. M. C a sauté sur une mine faisant 8 morts dont 3 de mes plus chers camarades. La charge était de 100 à 150 kg de plastic d'après les experts. Le seul rescapé de ce massacre est revenu la main gauche en moins nous avertir. 1/2 h après nous étions sur les lieux et j'ai assisté à un spectacle horrible. Autour du camion complètement en bouillie dans une mare de sang dansaient les habitants du village voisin.
Malgré l'image la plus réaliste que je puisse vous faire vous ne pouvez pas vous rendre compte de la blessure et de la haine qui entrent dans nos cœur.
Sur ordre nous avons fait creuser aux hommes femmes et enfants si réjouis de ce crime une tombe pour les restes des copains. Ensuite un autre très grand trou pour le véhicule où à plus de 1.000 m nous avons trouvé une roue, et après tous femmes enfants petits et grands, hommes sont morts criblés de nos balles.
J'estime que justice est faite.
Une autre section de la 24em qui est actuellement au Palmier ne va pas tarder à muter avec nous. Fin juin je serai certainement parmi vous pour une dizaine de jours. Le voyage me sera facile et il me restera même de l'argent de poche car maintenant avec la paye et votre aide je possède un petit avoir qui me sera fort utile.
Pour aujourd'hui je vous quitte en espérant que mon petit mot vous trouvera tous en parfaite santé
[Signature]
PS: Si ces derniers temps je n'ai pas pu vous écrire ainsi qu'à toute la famille j'espère que vous comprenez et que vous ne m'en faîtes point reproche. Cependant moi je pourrai le faire à beaucoup.
La gare de Nedromah le 8 Juin 1957
Mes bien chers
Hier j'ai reçu votre... et aujourd'hui votre lettre.
Je vous remercie beaucoup pour le médicament dont j'ai fort besoin étant donné que ma circulation sanguine est loin d'être bonne en ce moment.
En fait presque 50 nuits que nous sortons de suite aussi physiquement nous n'en pouvons plus. Le maximum que nous pouvions dormir est d'environ 3 h par nuit. Le nombre d'heures de sommeil est supérieur à une nuit normale mais l'irrégularité du repos nous use petit à petit. Et si parfois une nuit complète nous arrive, impossible de fermer l'œil car on se réveille plusieurs fois.
En tout cas ma petite maman ne t'inquiète pas pour ma nourriture car nous mangeons très très bien; rien, absolument rien ne nous manque et ne crois surtout pas que j'exagère. Nous pillons les vergers et jardins sur ces fumiers d'Arabes. Il y a quelques jours un G. M. C a sauté sur une mine faisant 8 morts dont 3 de mes plus chers camarades. La charge était de 100 à 150 kg de plastic d'après les experts. Le seul rescapé de ce massacre est revenu la main gauche en moins nous avertir. 1/2 h après nous étions sur les lieux et j'ai assisté à un spectacle horrible. Autour du camion complètement en bouillie dans une mare de sang dansaient les habitants du village voisin.
Malgré l'image la plus réaliste que je puisse vous faire vous ne pouvez pas vous rendre compte de la blessure et de la haine qui entrent dans nos cœur.
Sur ordre nous avons fait creuser aux hommes femmes et enfants si réjouis de ce crime une tombe pour les restes des copains. Ensuite un autre très grand trou pour le véhicule où à plus de 1.000 m nous avons trouvé une roue, et après tous femmes enfants petits et grands, hommes sont morts criblés de nos balles.
J'estime que justice est faite.
Une autre section de la 24em qui est actuellement au Palmier ne va pas tarder à muter avec nous. Fin juin je serai certainement parmi vous pour une dizaine de jours. Le voyage me sera facile et il me restera même de l'argent de poche car maintenant avec la paye et votre aide je possède un petit avoir qui me sera fort utile.
Pour aujourd'hui je vous quitte en espérant que mon petit mot vous trouvera tous en parfaite santé
[Signature]
PS: Si ces derniers temps je n'ai pas pu vous écrire ainsi qu'à toute la famille j'espère que vous comprenez et que vous ne m'en faîtes point reproche. Cependant moi je pourrai le faire à beaucoup.
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